Peut-on aider la victime  d’un pervers narcissique ? L’aide que l’on donne est-elle utile ou néfaste ? Et si elle est néfaste alors que faire ? Il n’y a pas de réponse précise à la question, tant il est difficle d’affonter ce trouble du comportement chez l’autre. Une victime est, en effet, prise dans un engrenage qui fait de sa solitude une situation douloureuse, tiut en se jouant souvent de la sollicitude des uatres. La difficulté  de les aider se heurte au fait qu’elles subissent une emprise qui les fait  malheureusement accepter les vues perverses de celui ou celle qui les tournente.

Voici quelques conseils pour mieux les comprendre.

Mieux comprendre le contexte d’une victime

Les amis ou membres de la famille bien intentionnés vis-à-vis d’une victime doivent donc se méfier de leur vocation de Saint-Bernard. Il est aussi judicieux pour elles de prendre de la distance vis-à-vis des raisons qui les poussent à porter secours. Elles ont intérêt à comprendre qu’il y a un lien de dépendance entre un pervers narcissique et sa victime qui ne peut se dénouer ni rapidement, ni facilement.

Comme nous l’avons évoqué en introduction, l’emprise psychique maintient la victime dans une bulle où règnent les représentations mentales narcissiques et fétides de son bourreau : sur le monde, sur la société qui l’entoure, sur les autres, et surtout, sur lui-même et son égo délirant. Et elle a donc incorporé ce monde à ses croyances, avec notamment et surtout, ce qu’il a de plus délétère : soit la haine et le mépris en ce qui qui la concernent. Haine et mépris qui la désignent comme le bouc-émissaire du narcissique et qui lui doivent des qualificatifs comme boulet, fardeau, repoussoir, incapable, etc.

Ceci explique que les paroles de réconfort et d’encouragement que lui prodiguent ceux souhaitant l’aider soient pour elle source d’une dissonance cognitive très forte. Elle y adhère, le plus souvent, mais la dissonance cognitive avec les croyances incorporées est pour elle très forte, et parfois impossible à surmonter.
On peut observer ainsi différents subterfuges chez elle pour se soustraire à l’attitude et aux paroles des personnes aidantes, les plus fréquentes étant les mystifications visant à faire croire qu’elle n’a besoin de rien, et que tout va bien.

Ne jamais juger une victime…

C’est là l’écueil certainement le plus important de l’entourage, aidant ou non, car il ne peut comprendre, de prime abord, le monde cauchemardesque dans lequel est coincé la victime. Qui peut comprendre, de fait, ce que ressent une personne sans cesse intimidée, humiliée, et plongée dans le royaume de ses peurs ?
Très peu, en fait, car cela n’est pas concevable pour un esprit serein, menant une vie normale, et non averti du danger que représente un trouble pathologique comme la perversion narcissique.
Au classement des appréciations inadaptées à la situation qui attendent la victime, le jugement moral est souvent bien placé : « elle ne fait rien pour aller mieux », « elle devrait se soigner »…

Car la situation dérange, l’état de santé et l’inaptitude de la victime à effectuer certains gestes de la vie courante peuvent insupporter l’entourage, et ce, même si elle est déjà en état de grave dissociation.
Autre qualificatif auquel elle a droit : celui de masochiste, car sur sa paralysie dans sa situation plane un mystère difficile à comprendre. Ses forces vitales sont altérées, tel l’oiseau englué dans le piège et avec le temps, elle perd ses forces. Là encore, l’entourage est lui aussi secrètement en panique. Juger est en quelques sorte plus facile et la barrière de l’indifférence devient une protection : après tout, on n’y peut rien, c’est donc bel et bien qu’elle est responsable.
La tentation de croire qu’une victime souffre, parce qu’elle le veut, voire même qu’elle « aime » ça n’est jamais très loin …
Pas si simple pourtant, mais où est la clé ?

Alors comment l’aider ?

Les pièges que nous venons de voir et qui guettent l’entourage aidant proviennent bien souvent d’une trop grande proximité avec la victime.  L’identification trop forte, qui va aggraver les conflits, ou le rejet de la victime dans des clichés faciles viennent paradoxalement trop souvent, d’une trop grande volonté d’«aider».

On ne peut pourtant que conseiller à l’entourage de se protéger également, car les feux d’un pervers sont puissants et visent aussi les proches par ricochet.
Cela ne signifie aucunement sombrer dans l’indifférence, ce qui, au reste, n’est pas possible. Mais cela consiste à prendre d’honnêtes distances, en veillant à reconsidérer ce dont l’on est vraiment capable. La limite est à fixer en fonction de ses ressources et du seuil au-delà duquel l’aide apportée nuit à son propre équilibre en tant qu’aidant.

L’aide extérieure, qu’elle vienne d’institutionnels, ou surtout de soignants de plus en plus au fait des rouages de la perversion narcissique, a donc certainement plus de « force de frappe », en matière d’aide aux victimes. Les thérapeutes ont, de fait, le recul nécessaire pour évaluer le degré d’emprise exercé sur la personne, et l’aider à mettre en place les « mesures de sauvetage psychique » adéquates, pour s’extirper du piège.

Ce qui ne signifie nullement que l’entourage n’ait aucun rôle à jouer, mais une aide isolée a bien peu de chances d’aboutir. Pire, elle risque d’exténuer l’aidant, avec les conséquences observées plus haut.
Point de découragement à avoir pourtant, car un rapide point de la situation permet de cerner souvent que l’union fait la force.
Même si le pervers narcissique a souvent tendance à littéralement subjuguer ou dissuader l’entourage de sa proie d’approcher, les membres les plus proches et les plus intimes, comme les amis les plus sincères, s’y laissent peu prendre. Ce qui bloque, ce sont les ressentis différents de chacun qui vont faire que les actions isolées seront inopérantes, car trop clivées par manque de concertation.

La perversion narcissique apprend alors beaucoup à chacun, car elle permet de faire cause commune autour de la victime tout en relativisant ses forces et ses points de vue pour savoir s’allier aux autres. Car autant l’aide isolée est impuissante, autant l’aide concertée va marcher en réalisant un point important : sortir la victime de l’isolement.

La perversion narcissique est un trouble psychique dévastateur, mais il ne faut pas lui nier son utilité, qui est celle parfois de révéler les individus. Jusqu’où est-on prêt aux concessions pour ceux qu’on aime, même quand cela remet en cause nos convictions, nos certitudes, notre confort, notre vie matérielle ?
Il faut bien plus que de la bonne volonté pour venir en aide à une victime touchées par les agissements d’un psychopathe. C’est sa fragilité, autrement dénommées failles narcissique ou blessures émotionnelles, qui est à l’origine du problème. Le comprendre pour ses proches requiert à la fois force et humilité.

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